« Les révoltes populaires arabes accentuées ont prouvé qu’un nouveau modèle de démocratie populaire vient de naitre dans le monde arabe et dans le monde »
Ce sont là les paroles de Semir Sleiman parues dans le numéro 7 de la revue LE DÉBAT du printemps 2011, page 5. Ces révoltes, vite transformées en révolutions politiques, puisqu’elles ont réussi à renverser trois régimes politiques totalitaires qui ont plusieurs traits en communs, à savoir qu’ils sont tous les trois issus de la junte militaire,
qu’ils se sont emparés du pouvoir à l’issue d’un coup d’État _ au moins pour le cas de la Tunisie lors du fameux « changement » du 7 Novembre 1987 et pour la Libye à la suite du renversement de la monarchie sénoussite* le 1 septembre 1969 _ et qui ont établi chacun d’entre eux un régime dictatorial dont la finalité n’était autre que la spoliation de toute sorte de richesse naturelle et le détournement des deniers publics dans des comptes personnels aux institutions bancaires nationales et notamment étrangères. D’ailleurs n’est-il pas dit que le clan des Ben Ali et des Trabelsi se sont emparés de 40% de la richesse nationale de la Tunisie !
Ces régimes dictatoriaux ont fini par créer un profond sentiment de ras le bol parmi les couches sociales les plus démunies qui constituent la majorité écrasante de la population en Tunisie en Égypte et ailleurs dans le monde Arabo Musulman.
Ce sentiment n’a cessé de couver une décennie durant, la première du XXI éme siècle et qui s’est manifestée lors de la « révolte du pain » en Égypte et lors des mouvements de contestation et de mécontentement enregistrés en 2008 en Tunisie, au bassin minier de la ville méridionale Metlaoui, mouvement qui a d’ailleurs été inondée dans un bain de violence policière rarement vécue au paravent dans la Tunisie indépendante. Tous cela dans un mutisme total par crainte de ternir l’image flamboyante de la « petite » Tunisie à l’étranger, là où l’ex président Français Jaques Chirac n’a cessé de propager l’image du « miracle économique » accompli par un pays de la rive méridionale de la méditerranée qu’est la Tunisie, et ce malgré ses ressources fort limitées, ceci d’une part, et d’autre part pour ne pas entacher les prochaines élections présidentielles de 2009 et éventuellement de 2014 !
Certains observateurs ont comparé ces mouvements populaires au mouvement des rues des « sans-culottes » lors de la révolution Française de 1789 qui ont changé le cours de l’histoire et qui ont constitué un modèle suivi par la suite par les peuples opprimés vivants sous le joug du colonialisme qui a longtemps considéré « l’autre », « l’indigène », comme étant un être de seconde classe soit par mépris ou par ignorance de sa richesse et de la diversité de son patrimoine culturel et l’immensité de sa participation à l’édification de la civilisation humaine et souvent les deux à la fois.
Nul n’ignore, encore aujourd’hui, la masse de souffrances subies par les peuples Asiatiques, Américains, Africains et Arabo-Musulman qui ont été la cible d’une infâme et ville politique coloniale depuis les grandes découvertes géographiques de la fin du XV éme siècle.
Cette sordide politique coloniale n’a d’ailleurs pas totalement disparue sous sa forme primaire et les palestiniens en savent quelque chose, mais s’est transformée en politique à visage économico-culturel dans le cadre d’un système-monde imposé par la superpuissance État unienne et ses alliés, les États satellitaires et à leur tête l’union Européenne et le Japon. Cette forme est appelée mondialisation ou globalisation.
Et si la comparaison des mouvement populaires du « printemps arabe » aux mouvements des rues des « sans-culottes » Français reste valable pour ce qui est de la révolution Libyenne et les révoltes Yéménites et Syriennes dans la mesure où ces mouvements sont armés, il n’en est pas de même pour les mouvements Tunisiens et Égyptiens, qui ont été des mouvements à tendance pacifiste et civile et qui n’avaient que la parole pour arme et le fameux terme « Dégage » des révoltés Tunisiens qui s’est avéré d’ailleurs comme étant une « arme à destruction massive », une arme fatale pour les régimes dictatoriaux en place.
Ceci s’explique peut-être par le fait que des sociétés Tunisienne et Égyptienne connaissent une certaine organisation sociale où les associations civiles et humanitaires jouent un rôle plus ou moins important dans le tissu social et ce malgré les vicissitudes des régimes politiques.
Or les sociétés Libyenne et Yéménites ainsi que celle des autres pays du golf sont à organisation basée sur une conception tribale et où l’absence d’organisme civils et des O.N.G et remarquable.
Mais qu’il s’agit de la Tunisie, de Égypte, de la Libye, du Yémen, de la Syrie, ou de tout autre pays arabe notamment les royaumes pétroliers du golf et je dirai même tous les pays musulmans, exception faite relativement de la Turquie, dans tous ces pays cités, l’être humain ne jouit nullement et entièrement de ses droits civils. Il n’a que des devoirs à accomplir au profit d’un État totalitaire à la tête duquel se trouve à vie d’ailleurs _ les arabes ont inventé un nouveau système politique à savoir les républiques héréditaires ! _ un chef temporel est parfois détenant les deux pouvoir temporel et spirituel comme c’est le cas pour le Maroc : Amir Al Mùminin (أمير المؤمنين ) et à un degré moindre la Jordanie et l’Arabie Saoudite.
Le citoyen jouit dans ces pays d’un statut de second degré par rapport à l’élite constituée par la famille au pouvoir et les membres de la cour qui l’entourent et qui sont mouillés jusqu'à la moelle dans de vils actes de corruption, de blanchiment d’argent et dans toute sorte de manipulations diaboliques transgressant la juridiction en place.
Ces citoyens sont considérés par les responsables au plus haut degré_ qu’ils ont souvent choisit en bonne et due forme ( !) par le biais d’élections, exception faite de certains pays où les élections n’ont jamais été organisées jusqu'à ce jour de l’an 2011 et où il n’y a ni constitution ni budget d’État qu’on discute annuellement par les élus du peuple _ comme étant des êtes indignes de liberté sous toutes ses formes notamment la liberté d’expression, de constitution de partis politiques, de manifestations ou même de grèves pour protester contre une quelconque injustice sociale.
Mais ces citoyens même, conscients de leur situation précaire, conscient qu’ils se trouvent désormais dans un cul-de sac et ne voyant pas d’issues à l’horizon ont décidé, moyens de communication modernes aidant, de crever l’abcès et de mettre fin à des régimes qui n’ont que trop duré.
Les Tunisiens qui sont placés peut être à un pallier de conscience supérieur à celui des autres sociétés arabes _ c’est le premier pays arabe qui s’est muni d’une constitution en 1961 et peut être le premier à avoir créé un parti politique 1906 : le Mouvement Jeunes-Tunisiens _ ont ouvert le bal, d’autres peuples ont suivi en attendant que le processus se généralise.
Aujourd’hui qu’on le veuille ou non la Tunisie vient d’inaugurer l’émergence d’un nouveau « code révolutionnaire » qui tend à rendre au peuple longtemps opprimé leurs droits, à rétablir la démocratie, la liberté et la dignité au citoyens c'est-à-dire leur rendre tout simplement des valeurs humaines dont ils sont assoiffés.
Maintenant que les dictatures ont été balayées et que la Tunisie a réalisé aux yeux des observateurs du monde entier et aux yeux de ses « révolutionnaires » sa deuxième indépendance, le plus dur reste à faire.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire